Séminaire La danse de Kali – Textes inspirants
Au risque d’aimer
Sur le chemin de l’amour, vous devrez mourir. L’amour est une mort. Et seul celui qui meurt de cette mort atteint l’éternité, l’immortalité.
« Rahim ne valorise pas l’amour qui donne et prend. Risquez votre vie, que vous en sortiez victorieux ou vaincu. »
Que vous gagniez ou perdiez, vous devez risquer votre vie. Seulement à ce prix… Cet amour ne consiste pas à donner et prendre, ce n’est pas du commerce. Risquez tout! C’est un pari.
« Rahim dit, passer au travers d’un brasier sur un cheval de cire », le chemin de l’amour est aussi difficile que cela, bien peu y parviennent.
Osho, commentaire sur un poème du mystique soufi Rahim, traduction Dominique Vincent
Reconnaitre la projection
La projection est un mécanisme psychique qui survient quand un aspect vital de notre personnalité dont nous sommes inconscients est activé. Quand quelque chose est projeté, nous le voyons à l’extérieur de nous comme si cela appartenait à quelqu’un d’autre et n’avait rien à voir avec nous. La projection est un mécanisme inconscient. Nous ne décidons pas de projeter quelque chose, cela survient automatiquement. Seuls des contenus inconscients sont projetés. Une fois que quelque chose est devenu conscient, la projection cesse.
Une fois que le phénomène de la projection est reconnu, ces images projetées peuvent, jusqu’à un certain point, être rapatriées en nous-mêmes car nous pouvons utiliser les projections comme des miroirs dans lesquels nous voyons la réflexion de nos propres contenus psychiques. La capacité de reconnaitre et d’utiliser les projections est particulièrement importante pour la connaissance de soi quand nous en venons à l’anima et à l’animus, puisque ces facteurs psychiques ne peuvent jamais devenir si conscients qu’ils n’aient plus rien à projeter.
Nous ne pouvons jamais reprendre toutes nos projections. Les représentations psychiques de l’animus/anima sont si riches et si inconnues à nous-mêmes qu’elles seront toujours projetées. Mais cela signifie que nous apprenons à reconnaitre quand une projection survient. Cet acte de conscience nous donne la possibilité d’intégrer les contenus inconscients projetés morceau par morceau, et, également important, de faire la distinction vitale dans notre propre intellect entre ce qui est une représentation archétypale projetée d’un côté et un être humain de l’autre.
John Sanford
Souffrance et mort, l’ultime défi
A tous ceux qui ont vécus ou qui sont en train de vivre un grave accident de santé. Dire avec pudeur ce que la pudeur empêche souvent de dire.
Tant de souffrance
Tout bascule en un instant
Du décor à l’envers du décor
Ambulance
Infirmières, chirurgiens,
Scanner, IRM
Pompe à morphine
Supporter l’insupportable douleur
Dure comme du métal qui explose les os
Insupportable, extrême et pourtant qui augmente chaque jour
Angoisse, cauchemar, nausée, effroi
Nuits si longues
Que reste-t-il ?
Les mains vides, solitude, dégoût
Peur de mourir et désir d’en finir se marient
La nuit noire.
Mon amour, aide-moi, c’est plus que tout ce que je pouvais imaginer
Aide-moi, je t’en supplie
Je vois bien dans tes yeux que tu m’aimes de tout ton cœur
De toute ton âme
Que tu souffres de me voir tant souffrir
Que tu souffres de ne pouvoir m’aider
Tu voudrais même prendre ma souffrance sur toi
Mais c’est impossible
Le fond de l’abîme se visite seul
Pourtant je sais que sans ta présence constante
Je ne serais plus là pour écrire ce que j’écris
Espoir, désespoir
Une autre, toute proche, est morte cette nuit
Et moi je survis
Improbable sortie d’hôpital
Ce jour arrive
L’a porte s’ouvre
Le ciel est là,
Le soleil m’éblouit
Le grand air emplit mes poumons
Miracle!
Des larmes de gratitude me submergent à la vue de quelques fleurs
Des visages, des sourires
L’importance magique
La nécessité impérieuse, absolue, de regarder dans les yeux
J’ai besoin de connexion
De sentir dans le regard des autres l’étincelle de vie
de présence, de compassion
Le serveur du restaurant
Le cordonnier assis dans son étal
le touriste japonais
Le choc quand je ne perçois pas cette étincelle
Elle est chez presque tous, riches ou pauvres, dans cette Inde immense, magnifique et terrible
J’ai besoin de me retrouver humain parmi les humains
Une étoile dans les yeux
Alors que je sens encore un pieds ailleurs
Un ailleurs que je n’ai pas visité jusqu’au bout
mais que je sais m’attendre
Tout proche ou dans un lointain incertain
Convalescence
Jour après jour, réapprendre l’équilibre
Réapprendre à marcher
Le miracle de marcher
De voir les vagues
De sentir l’eau ruisseler sur mon corps
La brûlure du soleil des tropiques
Survivre?
Non, vivre
Vivre à fond
Intensément, totalement
Chaque instant
Le voile s’est-il déchiré
Ne serait-ce que l’espace d’un éclair?
Non, je n’ai pas été au bout du tunnel,
Pas d’expérience de mort imminente
J’en suis encore à lire l’expérience des autres
Et pourtant demeure en moi un appel immense
Paradoxal
Aimer, aimer encore, encore plus
Ressentir et accueillir la peine
La mienne
Celle des autres si proches
Remercier la vie
Que sera ma mort
Que sera la tienne?
Vivre avant de mourir
Mourir avant de mourir
Pour vivre totalement
Ce que la vie offre à chaque instant
Plonger dans la lumière
Ici, dans l’au-delà
Surtout tout de suite
Sans aucune attente pour le lendemain
Ce qui m’a le plus aidé
La place de l’autre
Son amour, sa présence
Celle du Maître
Sa musique, ses enseignements
Le seul repère quand tout est balayé par la douleur extrême
Et par l’angoisse absolue
Amour, méditation, prière
Plus rien ne reste
Seulement une soif des paroles du Maître
Le regard et la main de mon amour
Alors, aujourd’hui
Plonger dans la lumière
Abandon et confiance
Un élan d’amour, un saut dans l’océan
Vivre chaque instant tous les sens en éveil
Avec gratitude
Vie si belle, si mystérieuse et si fragile.
Je sais que mon expérience est tout à fait ordinaire
Que tant d’autres l’ont vécue, la vivent ou la vivront
Peut-être tout le monde
Tous frères et sœurs
Condition humaine
Que reste-t-il donc de plus important dans nos vies
L’amour partagé ?
Et l’amour, c’est toujours un choix,
Le choix de l’instant
Dominique Vincent
Mahakala, Mahakala
Maha signifie grand en sanskrit. Les termes Mahakali et Mahakala signifie donc la grande déesse Kali et le grand dieu Kala. Ces termes sont utilisés dans le Bouddhisme tibétain. Dans ce cas, Mahakala est identique au dieu Shiva, l’époux de Kali.
Kala est le dieu de l’espace-temps où tout apparaît et disparaît. Noirceur, obscurité, destinée, mort… La nuit obscure de la phase de dissolution, d’annihilation, l’étoile noire… Le cycle complet de création et de dissolution.
Kali, la forme féminine de Kala, est parfois considérée comme son épouse. Elle est la mère nature qui met au monde et dévore ses propres enfants. Elle invite également à vivre la diversité de chaque instant qui passe et à aller au-delà du temps et des phénomènes pour trouver l’éternel présent.
Traverser nos terreurs les plus extrêmes, transformer nos émotions les plus violentes, la colère et la mort, nous ouvre à une vie intense et passionnée, à l’amour sans réserve.
La rage de vivre
La terre a soif
La terre boit
Boit le sang
Des torrents de sang
Hurlements, rage, rugissements
Hurlements des mourants
Rage de vivre
Agonie
La terre boit
Boit le sang des mourants
La vie se nourrit de la vie
Se nourrit de la mort
Rage, rage de vivre
Hurlement des mourants
La vie
La mort
Rage de vivre
De mourir
De tuer,
D’enfanter
Rage
Rage de vivre
Des mourants
Des vivants
Dominique Vincent
Nos trois peurs fondamentales
Un thérapeute demande : « Osho, lorsque je travaille avec les gens trois peurs apparaissent
constamment : la peur de devenir fou, celle de s’abandonner à l’orgasme sexuel et la peur de mourir. Pourrais-tu, je t’en prie, commenter cela ? »
Réponse d’Osho : « C’est une question existentielle très importante. L’humanité a vécu dans ces trois peurs pendant des milliers d’années. Elles ne sont pas personnelles, elles sont collectives, elles viennent de l’inconscient collectif.
La peur de devenir fou est en chacun de nous pour la simple raison que l’on n’a pas permis à l’intelligence de se développer. L’intelligence est dangereuse pour ceux qui ont des privilèges et de ce fait, pendant des milliers d’années, ils ont coupé les racines mêmes de l’intelligence.
Et c’est exactement la situation dans laquelle se trouve l’homme : on a coupé ses racines. L’homme vit pratiquement déraciné. Il faut le déraciner afin qu’il devienne dépendant de la société, de la culture, de la religion, de l’état, des parents, de tous. Il doit être dépendant. Il n’a plus de racines et au moment où il prend conscience qu’il n’a pas de racines, il a l’impression de devenir fou, qu’il perd la raison. Il perd tous ses appuis, il tombe dans un trou sombre… parce que tout ce qu’il sait est emprunté et ne lui appartient pas en propre. La respectabilité est empruntée et il n’a pas de respect pour lui-même. Toute sa personnalité est empruntée à l’université, à l’église, à l’état. Il n’a lui-même rien en propre.
La deuxième peur est celle de l’orgasme sexuel. Celle-là aussi est créée par les religions. Toutes les religions existent parce qu’elles ont opposé l’homme à ses propres énergies. Le sexe représente toute l’énergie de l’homme, son énergie de vie, et les prophètes religieux, les messies, les messagers de Dieu, font tous la même chose avec des mots différents, dans des langues différentes, mais leur action est la même, faire de l’homme son propre ennemi.
La troisième peur que tu as citée est celle de la mort et avant tout celle d’être seul. Beaucoup de peur de la mort disparaîtra lors de la première expérience de la solitude sans peur. Beaucoup de ce qui reste de peur de la mort sera immédiatement détruit par l’expérience de l’orgasme, parce que dans l’orgasme la personne disparaît, il n’y a plus d’ego. C’est une expérience mais l’expérimentateur n’est plus là. L’expérience de la mort – les gens meurent dans le dégoût, la misère, la souffrance, toutes sortes de douleurs – vous donne la peur de la mort. Parce que personne n’a connu la mort d’un être illuminé et comment il meurt dans la beauté, joyeusement.
Le moment de sa mort est merveilleusement lumineux, silencieux comme si la joie rayonnait de chaque pore de sa peau, de tout son être. Ceux qui sont près de lui, ceux qui ont la chance d’être près de lui, seront simplement étonnés que la mort soit plus glorieuse que la vie ne l’a jamais été. Mais ce genre de mort n’arrive qu’à ceux qui ont vécu totalement, sans peur, qui ont vécu une vie orgasmique sans se préoccuper des idiots et de ce qu’ils disent, de ceux qui ne savent rien mais qui ne cessent de parler.
La conséquence suprême de la méditation est cette réalisation : vivre le moment présent dans sa totalité, intensément, joyeusement, parce qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur – parce que même la mort est une fiction. »
Osho
Faire face à la mort
Que la mort soit à quelques heures d’ici, ou à quelques jours, ou à quelques années, cela ne fait aucune différence. Tout comme l’on se prépare à la vie, l’on doit se préparer à la mort. Et la préparation à la mort je l’appelle, « être religieux ».
L’art d’être religieux est l’art de se préparer à la mort et à mourir de telle façon que rien ne meurt, seul le corps est laissé derrière et vous entrez dans l’éternité.
Osho, The Sword and the Lotus
Pour un méditant, la mort n’existe pas
En devenant plus âgé, l’ombre de la mort commence à descendre sur vous, c’est cela qui crée la peur. Mais pour un méditant, la mort n’existe pas. Si vous avez peur de mourir et peur des dangers qui se présentent à vous, cela veut simplement dire que vous n’approfondissez pas votre méditation, que la méditation n’a été pour vous qu’une mode. Maintenant il est temps pour vous d’entrer sincèrement et authentiquement dans la méditation, parce que c’est le seul espace qui puisse vous libérer de toutes les craintes de mort, de vieillesse, de maladie.
Elle vous rend conscients que vous n’êtes pas le corps et que vous n’êtes pas le mental et que vous n’êtes pas uniquement cette vie, vous êtes la vie éternelle. Vous avez fait l’expérience de la mort bien souvent et vous êtes toujours vivants et la mort viendra de nombreuses fois encore et vous serez toujours vivants.
La conclusion suprême de la méditation est, vivez le moment présent dans sa totalité, intensément, joyeusement, parce qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur – parce que même la mort est une fiction. Il n’y a besoin d’aucune sécurité, d’aucune garantie. Vivez d’instant en instant, faisant confiance à l’existence tout entière comme les oiseaux lui font confiance, comme les arbres lui font confiance. Ne vous séparez pas de l’existence, faites-en partie et l’existence prendra soin de vous. Elle prend déjà soin de vous.
Osho, The New Dawn